De Profundis
Wilde Oscar
2
GF Flammarion
A l'heure des «Manifs pour tous», la lecture de cette œuvre qui date de 1897, paraît tristement d'actualité.
En 1895, Oscar Wilde est condamné à deux ans de prison pour «outrage aux mœurs».
Le procès, perdu d'avance, a été intenté par le marquis de Queensberry dont le jeune fils, Alfred Douglas (surnommé Bosie) était l'amant de Wilde.
Durant son incarcération, Oscar Wilde a perdu sa fortune et le droit d'écrire. Ce n'est qu'après 14 mois de prison, qu'on finit par lui octroyer le droit d'écrire une correspondance privée. Une feuille par jour, qu'on lui reprenait contre une vierge le lendemain.
L'auteur a donc eu l'idée d'écrire à son amant mais sans jamais pouvoir relire ce qu'il avait rédigé la veille.
Cet état de fait explique donc les nombreuses répétitions. On a souvent l'impression qu 'il revient inlassablement sur les épisodes marquants de son histoire d'amour avec Bosie comme si il avait la sensation de ne pas avoir tout dit la fois précédente.
De Profundis est donc une longue lettre. Lettre qui laisse percevoir à quel point la prison a malmené Oscar Wilde, mais surtout à quel point son amour déçu l'a brisé.
Wilde écrit une longue liste de récriminations- Douglas ne lui a pas écrit depuis qu'il est en prison-Douglas lui a fait dépenser des sommes folles (cadeaux, voyages, sorties...)- Douglas ne s'est pas occupé de lui, lorsqu’il était malade, alors qu'à l'inverse, lui l'a veillé durant trois jours de fièvre- Douglas s'est servi de lui comme arme dans sa haine contre son père.....
De Profundis est une très belle lettre d'un homme qui se sent trahi.
C'est cet aspect qui m'a le plus touché ainsi que la réflexion philosophique sur la liberté.
Par contre , j'avoue volontiers que toutes les considérations sur le Christ me sont passées bien largement au-dessus de la tête.
Ce livre est grave et triste mais parfois un sourire peut nous échapper lorsque Wilde parle de lui : « le seigneur du langage », « j'avais du génie », « il n'y avait rien de ce que je disais qui ne suscitât un étonnement émerveillé ».
La modestie n’était pas de mise chez notre grand dramaturge.