Le dernier bain
Robert Gwenaële
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Robert Laffont, 2018
“Paris an II. La France vibre sous le souffle de la Terreur. On assiste aux destins croisés de ceux qui tournent autour du logis de la rue des Cordeliers où Marat, cloîtré, immergé dans des bains de soufre traque les suspects hostiles aux idées de la République. Il ignore que certains d'entre eux souhaitent sa mort et qu'il ne lui reste plus que 3 jours à vivre.”
Le romanesque est au rendez-vous. On peut même dire qu'en ce domaine le dernier bain est un chouette roman. On nous dit que l'auteur, à propos de Marat, ”gratte le vernis de la peinture pour révéler la réalité du monstre”.
De son côté, si le lecteur gratte le vernis des mots, il peut se demander si un royaliste aurait mieux fait !
Certes, on peut admettre que la Révolution française n'a pas été menée par une bande d'angelots, aucune grande figure n'est ni parfaite, ni infaillible. Oui, la révolution à charrié son lot d'horreurs, d'exactions, de délations….
Mais ici, aucun aspect de la révolution ne semble trouver grâce aux yeux de l'auteur. Cela interroge sérieusement !
Marat est réduit à un monstre sanguinaire, oubliant que les attaques contre la jeune République étaient réelles.
On s'apitoie sur Marie-Antoinette, pauvre femme qui n'a plus que deux robes et à qui on a enlevé son fils. Certes, individuellement et humainement, c'est terrible mais il me semble difficile d'avoir de l'empathie pour cette reine qui est entièrement responsable des haines et des rancunes qu'elle a accumulées contre elle.
Si on met le fond de côté, le livre est très agréable du point de vue de la construction et de l'enchaînement des péripéties.
Chaque personnage que l'on suit, permet de se faire une image de la vie parisienne, quatre ans après la prise de la Bastille.
Apothéose, ils vont tous se croiser à un moment sans le savoir car sans se connaître, cet aspect étant le privilège du lecteur.
Jane, une jeune Anglaise nous évoque indirectement les exilés, Théodose, moine qui a renié sa foi est l'occasion de faire un état des lieux de la religion, son père, perruquier, a de moins en moins de travail puisqu'il y a moins de noble, Marthe, la lingère de Marie-Antoinette nous permet d'entrer au temple où est emprisonné cette dernière, et bien sûr Charlotte Corday tout juste arrivée de Normandie...
“Le dernier bain” est un roman agréable si on prend garde de mettre de la distance avec des propos sous-jacents qui me paraissent bien contestables.