J'emporterai le feu, le pays des autres 3
Slimani Leïla
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Gallimard, 2025
« Enfants de la troisième génération de la famille Belhadj, Mia et Inès sont nés dans les années 1980. Comme leur grand-mère Mathilde, leur mère Aïcha ou leur tante Selma, elles cherchent à être libre chacune à sa façon dans l'exil ou dans la solitude. Il en faudra se faire une place, apprendre de nouveaux codes, affronter les préjugés, le racisme parfois. «
Ce troisième tome est très certainement le plus réussi.
Leila Slimani nous embarque avec virtuosité dans l'histoire intime de ses personnages tout en les ancrant dans l'Histoire avec un grand H. L’autrice nous offre également un angle de vue différent sur l'immigration par rapport aux livres actuels. Mia et Inès, les dernières nées de la famille Belhadj, sont élevées à l'occidentale, donnant souvent l'impression d'être des étrangères dans leur propre pays.
Nous sommes dans les années 1980. Mathilde et Amine sont sur la fin de leur vie, leur fierté est d'avoir rendu leur petite exploitation viable.
La désolation du patriarche est de ne pouvoir la transmettre à personne. Son fils, photographe à New York mène une vie aux antipodes de celle de ses parents.
Avec Aïcha et Mehdi, on mesure le désenchantement de la génération de l'indépendance. Le Maroc est sur le chemin de la modernité mais les rivalités de cours persistent.
Les postes importants sont soumis au bon vouloir du roi. Ascensions et chutes peuvent être fulgurantes. Les rapports sociaux sont donc complexes.
Mia souffre d'être élevée dans ce qu'elle ressent être une duplicité permanente .” À la maison, on pouvait critiquer le voile, le fanatisme, s’enporter contre ses horribles barbares qui menaçaient l'écrivain Salman Rushdie. dehors il ne fallait pas en parler, ne pas provoquer, faire semblant de respecter la bienséance. Ses parents étaient des hypocrites et Mia se sentait humiliée en constatant qu'ils n'étaient pas libres ”
Avec ses personnages, l’autrice nous fait voyager de Rabat, Casablanca, Meknès à Paris Londres et New York. Le voyage est également temporel.
Leila Slimani nous fait revivre la chute du mur de Berlin, la Coupe du monde de football de 1998, l'attentat du World Trade Center, la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour des élections.
C'est avec un grand talent de conteuse que l'écrivaine nous entraîne dans sa saga familiale dont le thème principal reste la liberté. où que ce soit, la quête principale est de pouvoir être soi.
Ce que Medhi n'a pas réussi
« ces histoires de racine ce n'est rien d'autre qu'une manière de te clouer au sol alors peut-être que ses filles y parviendront.
J'en porterai le feu clôt excellemment bien la trilogie Lepays des autres titre qui a chaque volume a pris tout son sens !