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Longtemps je me suis couché de bonheur

Picouly Daniel

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Albin Michel, 2020


« Orly, Cité Million, 1964. Un adolescent de quinze ans, pour l'amour d'une Albertine, plonge dans l'œuvre de Marcel Proust. Jusqu'à l'obsession. Autour de lui, se bousculent un Charlus égoutier, une Odette infirmière à domicile, une duchesse de Guermantes battant ses tapis à la fenêtre…. Rêve ou réalité, peu importe, quand il sera grand il sera Proust. »


Les lecteurs qui aiment les récits « carrés » et ancrés dans la réalité passeront leur chemin. Ceux qui ne boudent pas la fantaisie apprécieront ce roman fantasque sans pour autant être dénué de culture.

Culture populaire tout d'abord, mais également littéraire.


Dans le premier domaine, on découvre « la cité » des années 1960. Certes, on n'y vit pas comme au centre-ville, tous ne partent pas dans l'existence avec les mêmes chances mais ce n'est pas le ghetto d'aujourd'hui. Le collège semble en être le centre de vie par excellence et c'est avec ravissement qu'on suit la vie de ses professeurs : leurs amours, peines, aspirations….

Un vrai microcosme que Daniel Picouly croque avec humour et tendresse.


Daniel le narrateur a quinze ans, son père est chaudronnier à Orly, sa mère femme au foyer. Il est le onzième sur treize enfants ! Il aurait pu se tenir éloigné de Proust mais par amour, il va se plonger dans son œuvre.

Après tout, pourquoi pas, comme le dit le père de l'adolescent : «  Proust aime le travail bien fait comme un vrai ouvrier. »


C'est une grande aventure qui commence pour Daniel et Bala son meilleur ami et camarade de classe.

Les deux adolescents partent à la recherche de leurs copies de français dont la note va décider de leur orientation pour le lycée. Cette quête est doublée de la poursuite d'une Albertine que Daniel a rencontrée dans une librairie, et pour qui il a lâché sa maquette d'avion au profit de Proust.

La cité Million se transforme alors en théâtre romanesque. La cuisinière du collège est la Françoise de tante Léonie qu'on trouve « Du côté de chez Swann ».


En plus de la multitude des personnages sortie de l'imaginaire de Marcel Proust, on découvrira Céleste qui a accompagné l'écrivain jusqu'à la fin de sa vie. Ses secrets, qui n'en sont pas pour le lecteur d'aujourd'hui, feront tomber des nues notre jeune héros.

Céleste plongée dans l'ambiance des années 60... c'est un grand moment. Quoi de plus normal que le narrateur croise également Françoise Sagan puisque son nom de plume est tout droit sorti de « À la recherche du temps perdu » ?


Les Proustiens seront peut-être outrés de certaines transpositions, les autres s'amuseront beaucoup de cette lecture à condition d'accepter que rêve et réalité se confondent.

La dernière partie est un peu fouillis voire peut-être un peu trop déjantée.

Malgré tout, si on se laisse porter par l'écriture pleine d'humour de l'auteur, on apprécie jusqu'au bout. Nous nous sommes beaucoup amusés à la lecture de ce roman qui est un bel hommage à l'adolescence et à la littérature.

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