de Campi et Zabus, Le Lombard, 2016

« - Nous sommes ici pour t'informer de l'objet de        ta mission, Charles.

-  Une mission ?

- Tu as été choisi !

-Moi ?

-Oui ! À cause du chapeau. C'était le sien…. En le portant, tu es rentré dans son monde. Maintenant, tu dois en saisir les secrets, sinon…

-Sinon quoi ?

-Son chapeau restera à jamais vissé sur ta tête ! »

Cet album est un très bel objet esthétique. C'est vrai, ce n'est pas une biographie mais quelques éléments de la vie de Magritte sont mis en lumière. C'est surtout une plongée dans l'univers très particulier du peintre.

Charles, dont on ne sait pratiquement rien mais dont on pressent que la vie est bien morne s’offre pour une fois, une fantaisie : un chapeau melon. Il ne s'imagine pas quelle étrange aventure il va alors vivre. Le chapeau restera vissé sur sa tête jusqu'à ce qu'il saisisse le secret de Magritte. Mission bien difficile puisque de toute son existence, le peintre a refusé qu'on analyse ses tableaux sous l'angle de la psychanalyse. 

L'artiste échappe sans arrêt à Charles qu'il tient à distance comme il l'a fait avec tous ceux qui ont tenté d'analyser ses tableaux à l'aune des événements marquants de sa vie.

Avec cet album, on retrouvera tout de même l'essentiel du parcours du peintre : le suicide de sa mère, sa femme Georgette qu'il peindra sans relâche, les réunions avec les surréalistes dans un café bruxellois…

Les dessins sont très beaux. On découvre les tableaux de Magritte, ceux que Charles interroge pour tenter de comprendre leur auteur. Mais aussi ceux dans lesquels il est propulsé au gré de la fantaisie des créateurs de l'album. Ce dernier est aussi fantasque que l'objet de son étude.

Un train à vapeur sort d'une cheminée, à la stupéfaction de Charles. Un petit personnage apparaît, le conducteur du train et s'adresse au héros qui lui répond :

« C'est écrit trop petit… je n'entends pas. »

Magritte, ceci n'est pas une biographie est un ouvrage très soigné, décalé et fantasque, à l'image de René Magritte.

Il expose, donne des informations, des pistes sans chercher à expliquer coûte que coûte la démarche du peintre qui lui-même s'interrogeait : « pourquoi vouloir répondre aux questions que la peinture nous pose ? »