Marina Tsvétaïéva, mourir à Elabouga
Khouri-Ghata Vénus
1
Mercure de France, 2019
“Immense poètesse russe, fervente amoureuse, menant plusieurs liasons à la fois :
Rilke lui préfère Lou Andreas-Salomé, Pasternak en épouse une autre mais la protège jusqu'à sa mort, au bout d'une corde dans un grenier d'où elle avait vue sur le champs qu'elle grattait à mains nues à la recherche des pommes de terre oubliées des paysans. une vie débordante d'épreuves...”
Une biographie romancée qui ne prend, malheureusement, que la forme d'un bel hommage à la poétesse. La romancière Vénus Khoury-Ghata (elle même également poétesse) s'adresse directement à Marina Tsvétaïéva, utilisant le “tu” qui créé immédiatement un lien affectif, un lien de proximité entre l'auteure et son sujet.
Ce lien fictif laisse le lecteur en dehors de l'histoire. Malgré tous les efforts de l'écrivaine et la forte envie du lecteur, on peine à ressentir de l'empathie pour Marina Tsvétaïéva. On s'en voudrait presque tant la vie contée est terrible : une vie de misère, sa fille cadette, morte de faim dans un orphelinat... Sa poésie a été rejetée de tous, aussi bien par le régime soviétique que par les russes blancs exilés.
Bien sûr, on regrettera que sa poésie n'ait pas été reconnue à sa juste valeur mais sa personnalité laisse perplexe.
Ses amours multiples ne lui font pas toujours prendre la mesure des priorités.
En plein cœur de la misère, sa fille aînée jouera le rôle de bonne à tout faire pour laisser à sa mère le temps d'être une amoureuse de l'amour !
Le livre est axé sur les années d'errance de la poétesse. Son mari se bat du côté de l'armée blanche, prélude inévitable d'un exil qui durera dix-sept ans.
J'ai regretté que le livre ne retrace pas plus sa jeunesse, son éducation... tous les éléments qui permettraient une meilleure compréhension de sa personnalité et nous “attacheraient” plus à elle.
Marina Tsvétaïéva, "martyre de l'époque stalinienne”, c'est vrai mais l'ouvrage aurait pu être plus convaincant.