Parcours autour du musée Picasso
21 juin 2018
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Ce petit parcours se fait en plein cœur du quartier du Marais, quartier aux multiples facettes et donc... aux multiples parcours possibles.
L'endroit offre les activités les plus en vogue avec ses nombreuses galeries d'art et terrasses branchées mais dans une ambiance chargée d'histoire.
Le bâtiment qui accueille le musée Picasso date de 1656/1659.
À deux pas la place Thorigny a logé Charles Perrault à partir de 1685, la rue du même nom a connu Madame de Sévigné en 1669 et Honoré de Balzac en 1815.
Une musée...
Musée Picasso 5 rue de Thorigny 75003 Paris
Ouvert en 1985 ce musée national se consacre à la vie et à l'œuvre de Pablo Picasso mais aussi indirectement aux artistes qui lui sont liés.
Le musée est situé dans l'hôtel Salé. La conception du lieu marie harmonieusement le classicisme de l'hôtel, construit en 1659 à l'oeuvres du peintre, symbole par excellence du cubisme.
jusqu'au 29 juillet: exposition Guernica
Voilà une expo à ne pas manquer et pour laquelle il faut impérativement prendre l'audioguide. Le parcours est à la fois artistique et politique ce qui le rend très intéressant.
Guernica est un des tableaux les plus connus au monde. Réalisé entre le 1er mai et le 4 juin 1937,
à Paris il s'agissait à l'origine d'une commande du gouvernement républicain pour le pavillon espagnol de l'exposition universelle de Paris de la même année.
Cette toile monumentale (3,50 m par 7,76 m) est une dénonciation engagée du bombardement de la ville espagnole de Guernica, le 26 avril 1937. Ordonné par les nationalistes espagnols, le bombardement est exécuté par les troupes allemande nazies et fascistes Italiennes.
La toile de Picasso deviendra le symbole de la dénonciation de la violence et de l'horreur de la guerre en général.
Le tableau est aujourd'hui trop fragile pour voyager. Il est donc resté à Madrid mais l'exposition présente de nombreux documents qui rendent passionnante, la découverte du travail de l'artiste pendant l'élaboration de la toile.
Les différentes pièces sont thématiques.
Entre autres :
-"les débuts de la guerre civile espagnole" présente des éléments historiques et l'engagement des artistes (Paul Éluard, Dora Maar...) à travers des expositions de soutien, réalisation d'affiches...
-"les sources de Guernica" avec notamment toutes les références à Francisco de Goya
-"les premières esquisses" salle dans laquelle on mesure le chemin parcouru par Picasso avant la production finale.
-"Guernica dans l' œil de Dora Maar", plusieurs clichés de l'oeuvre à différentes étapes de sa conception témoignent du processus créatif de Picasso.
Guernica est une très belle exposition, une occasion d'en apprendre plus sur la guerre civile espagnole et sur le travail artistique du Maître.
Pour se restaurer...
Le Marché des Enfants Rouges, 39 rue de Bretagne 75003 Paris
C'est le plus vieux marché couvert de Paris, encore en service. Depuis 1982, il est inscrit au titre des Monuments Historiques.
Créé en 1615, il s'appelait alors le "petit marché du Marais".
Le nom des Enfants Rouges est apparu plus tard. Il vient de la proximité de l'hospice des Enfants Rouges (1524-1777) créé par Marguerite de Navarre pour des orphelins dont l'uniforme était rouge.
On peut y faire ses courses alimentaires mais c'est surtout pour ses terrasses qu'il nous intéresse dans ce parcours.
L'estaminet, cantine des Enfants Rouges
Petit resto sympa, cuisine du marché avec des produits de saison et circuits courts. C'est bon. 14 € le plat.
Une librairie...
Librairie : Comme un roman, 39 rue de Bretagne
Magnifique librairie, juste à côté de l'entrée principale du Marché des Enfants Rouges. La vitrine est très belle, l'exact reflet de l'Intérieur.
Un énorme choix de livres, dans une ambiance feutrée.
Quelques livres bénéficient d'un avis des libraires, avis qui part deux fois, divergeait sensiblement de ceux de " Pourvu Qu'on Ait Livre's".
Tant mieux !! En littérature, il en faut aussi pour tous les goûts !
En prime, l'accueil est calme et sympathique.
Deux livres...
Guernica 1937 de Alain Vircondelet , Flammarion, 2018
Sur le grand échiquier des amours de Picasso, Dora Maar est celle qu'il aura peut-être le plus aimée.
Très vite cependant, il ne put supporter de se savoir prisonnier de « l'Adorée Dora »
La création de Guernica lui donna les moyens d'échapper au sortilège.
Conçue sous les yeux de Dora, à la mémoire de tous les massacres perpétrés dans le monde, la toile devint aussi le lieu de la mise à mort de leur passion.
Une histoire d'amour, une histoire de création, une histoire de destruction, ce roman est tout à la fois.
Les amateurs d'action peuvent passer leur chemin. Ici on est dans l'émotionnel, dans le processus de création et dans la passion amoureuse qui triture les méninges.
L'auteur s'est inspiré librement de la vie de Picasso et Dora Maar. Il a bien sûr imaginé les dialogues et les sentiments les plus intimes mais en se basant sur des événements réels.
Alain Vircondelet livre un roman très crédible.
On mesure le génie du Grand Picasso mais on se fait peu d'illusions sur sa personnalité dans son rapport avec les autres. Suivi de sa cour, qui ne sert plus qu'à l'admirer, Picasso multiplie les conquêtes féminines faisant peu de cas des sentiments des unes et des autres.
Sa relation avec Dora Maar semble différente. Il a trouvé en elle, non seulement une muse mais une artiste à part entière.
Picasso semble avoir tout gagné dans cette relation et si, en tant que lecteur, on se désole de sa personnalité, on ressent de l'intérêt à regarder Picasso donner naissance à Guernica.
De son côté, Dora Maar semble avoir tout perdu. Elle pensait avoir gagné une place durable dans la vie de Picasso... il n'en sera rien.
Sa seule présence a aidé le maître dans la création de son chef-d'œuvre... elle n'en recevra aucune reconnaissance.
Elle était photographe, peintre et poètesse... aujourd'hui, dans les mémoires, elle n'est plus que l'amante de Picasso, la femme qui pleure !
Ce roman est une belle histoire de création mais c'est une triste histoire de l'effacement d'une femme dont le talent a été évincé.
"Pour services rendus" de Iain Levinson, édition Liana Levi, 2018
En 1969, ils étaient au Vietnam, Fremantle, Sergent aguerri et Drake, jeune recrue pas très douée. En 2016, ces deux-là se retrouvent, après 47 ans...
L'ancien Sergent dirige le commissariat d'une petite ville du Michigan, Drake est devenu sénateur et fait campagne pour sa réélection. Pour s'attirer un électorat de vétérans, ce dernier a raconté ses faits d'armes au Vietnam. Pris en flagrant délit de mensonge, il a besoin de son ancien Sergent pour valider son histoire...
Dans le genre livre cynique et percutant, Iain Levinson n'en est pas à son coup d'essai !
Déjà dans ses précédents romans (Un petit boulot, une canaille et demi et arrêtez-moi là), il brossait un portrait au vitriol de l'Amérique en crise.
Dans ce roman, le mensonge est au cœur du sujet.
En 1969, lorsque Drake arrive dans sa section de combat, c'est un bleu et comme tous les bleus, il débarque dans « l'enfer de la jungle » au sens propre comme au sens figuré !
Durant sa première nuit, il accumule les mésaventures et comprend au fur et à mesure, mais surtout à ses dépens, les railleries énigmatiques de ceux qui sont là depuis longtemps.
Notamment pourquoi, parfois, « il vaut mieux pisser dans son froc » !
En 2016, plutôt que de passer sous silence cette partie de sa vie, Drake s'invente des actes héroïques.
On assiste alors à toutes les manipulations du monde politique.
Si le tableau est dépeint avec humour, il n'est pas glorieux.
Ce qui, au départ, ne va sembler être qu'un petit « arrangement » avec la vérité, va devenir un vrai tissu de mensonges.
Fremantle va être embarqué dans cette histoire, à la fois parce que tout le monde semble corruptible, mais aussi pour des raisons plus secrètes.
Le parallèle entre l'époque de la guerre du Vietnam et aujourd'hui est bien mené. On se souvient de « Pentagone papers » qui dévoile que pas moins de quatre Présidents américains ont laissé ce terrible conflit s'enliser, alors qu'ils le savaient perdu. Le mensonge est énorme !
Iain Levinson nous fait vivre l'atrocité d'une guerre qui semble de plus en plus absurde à ceux qui doivent la mener. Après une telle expérience, il semble bien difficile de retourner à une vie sereine et équilibrée. Les traumatismes sont multiples.
Aux horreurs du terrain s'ajoutent, au mieux, une certaine indifférence, au pire, une forme de mépris de la population américaine. Les soldats ne sont pas rentrés en héros comme leurs pères en 1945, et leurs voix, pas toujours entendues.
Sur cette période, l'ambiguïté demeure. Dans les campagnes électorales actuelles, la guerre du Vietnam est encore un point soulevé pour attaquer ses adversaires : Ne pas l'avoir « faite » donne l'image négative du « planqué », y avoir participé n'est, à l'inverse pas gage d'être digne de confiance.
« Pour services rendus » est très bien mené, on est tenu en haleine, se demandant à quel moment la bulle du mensonge va exploser !
Un film...
Trois visages de Jafar Panahi,
Behnaz Jafari, Jafar Panahi, Marziyeh Rezaei
Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d'une jeune fille, implorant son aide pour devenir actrice et échapper à sa famille conservatrice...Elle demande alors à son ami le réalisateur Jafar Panahi de l'aider à comprendre s'il s'agit d'une manipulation.
Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.
Ce film n'est pas dénué d'intérêt mais sa forme le fait souffrir d'un trop grand nombre de longueurs.
Entre la fiction et le documentaire, Jafar Panahi filme avec poésie et tendresse, la société patriarcale archaïque des villages reculés de l'Iran.
Ce que le réalisateur nous laisse voir est intéressant d'un point de vue sociologique.
Cependant, son film ressemble parfois à un catalogue de thèmes spécifiques : le mariage, le poids moral du village, les légendes empreintes de magie autour de la circoncision... Tout y passe...
Si le propos de fond est, me semble-t-il assez clair, la réalisation paraît parfois ambiguë avec un aspect très « autocentré ». Les deux acteurs principaux bénéficient de gros plans longs et sans grand intérêt manifeste. Ils incarnent un autre mode de vie en Iran, plus moderne mais souvent ils n'ont que peu de réaction sur ce qu'ils traversent.
On préférerait souvent voir ce qu'ils regardent plutôt que de les voir regarder !!
Au final, l'attrait de « Trois visages » réside dans les conditions de sa réalisation.
Jafar Panahi est victime de la censure dans son pays dont il n'a pas le droit de sortir.
Son film est truffé de symboles forts. Trois générations, illustrant l'histoire du cinéma iranien, une route sinueuse dans la montagne reflétant les limitations des libertés individuelles.
Le choix du lieu n'est pas non plus anodin. Jafar Panahi a choisi le village natal de sa mère, celui de son père ainsi que celui de ses grands-parents.
« Trois visages » est certes inégal mais il mérite d'être vu.
... pourquoi pas ?
... vraiment pas mal
... à ne pas manquer
... à fuir !