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Parcours autour de la porte Saint Martin

25 mai 2019

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Située à l'emplacement d'une porte de l'ancienne enceinte de Charles V, la porte Saint Martin date de 1674. D'architecture classique, haute de 18 mètres, elle a été voulue par Louis XIV en l'honneur de ses victoires sur le Rhin et en Franche-Comté.

Aujourd'hui elle est un repère sur les grands boulevards, un lieu de rendez-vous au milieu de plusieurs théâtres : Théâtre de la Renaissance, Théâtre de la Porte Saint-Martin, le Petit Saint-Martin, le Splendid, le Comedia...... Il y en a pour tous les publics.

Le quartier est vivant, la présence des théâtre amène une chouette ambiance en soirée.....un lieu idéal pour fuir le blues du dimanche soir.

Un théâtre...

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Le théâtre de la Porte Saint-Martin

18 boulevard Saint-Martin, 75010

 

Inauguré en 1791, il est aujourd'hui inscrit monument historique (depuis 1992). Construit pour accueillir l'Académie royale de Musique, dont la salle venait d'être incendiée, il est fermé dès que l'Opéra intègre sa nouvelle salle.

Jusqu'en 1799, le théâtre sera utilisé pour des réunions politiques.

Le lieu suivra les vicissitudes de l'histoire de Paris.

Incendié le 25 mai 1871, durant la Commune de Paris, il est reconstruit à l'identique en 1873. Sont ajoutées à la façade les figures symbolisant la Tragédie, le Drame et la Comédie.

Les planches du Théâtre de la Porte-Saint-Martin ont connu les grands noms du théâtre : Sarah Bernhardt en est une habituée, le 27 décembre 1897, Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand y est créé.

Une pièce...

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Ça ira (1) Fin de Louis

une création théâtrale de Joël Pommerat

avec Saadia Bentaïeb, Agnès Berthon, Yannick Choirat....et 11 autres acteurs

durée 4h30 avec deux pauses de 10 minutes

“Ça ira (1) Fin de Louis est une fiction politique contemporaine inspirée du processus révolutionnaire de 1789. Qu'est-ce qui poussent des hommes à renverser le pouvoir ? Quels nouveaux rapports instaurés entre l'homme et la société, les citoyens et leurs représentants ?

Entre fiction et réalité, Ça ira (1) Fin de Louis raconte cette lutte pour la démocratie.”

 

Un excellent moment de théâtre, à la fois intelligent et passionnant.

Le spectateur est plongé dans les débats politiques nés en 1789 mais dont au final, on n'est toujours pas sorti.

 

Joël Pommerat télescope les périodes, brouille l'Histoire pour mieux mettre en lumière l'intemporalité du débat politique.

“ C'est un cadre qui sert à l'observation des conflits humains, qui permet de montrer la lutte politique, l'engagement de tous les membres la société, l'effort et l'effervescence de ce moment d'invention de la politique telle que nous la connaissons encore aujourd'hui.”

 

Les personnages sont nos doubles, portant nos vêtements, ils font des selfies avec Louis XVI mais au fond, plus que leur apparence, c'est leur cheminement politique qui en font nos contemporains.

Le roi est le seul personnage historique nommé.

Cette figure du passé m'a tout le même semblé terriblement actuelle : chacun s'interrogeant sur ses intentions et leurs interprétations.

 

Créée en 2016, les résonances avec les événements actuels sont troublantes. Notamment tout ce qui touche à la philosophie et aux modalités de la représentation du peuple.

La mise en scène est très originale et exclue dès le départ, de nous faire sombrer dans une pièce qui ne serait que bavarde.

Où que vous soyez dans la salle, tournez la tête et à certains moments vous ne serez pas très loin d'un député.

Des moments plein d'humour décalé (une retransmission de l'arrivée du roi pour une télé espagnole...) permettent de faire des pauses dans la réflexion politique qui nécessite une belle concentration !

Pour se restaurer...

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Bistrot Renaissance

19 rue René Boulanger 75010 Paris

 

Une très belle brasserie à la déco très soignée et à la terrasse idéale.

Le service est sympathique et la situation géographique en fait un lieu privilégié pour ceux qui ont faim à la sortie du théâtre où ceux qui veulent croiser les acteurs après leur performance !

Tout cela se paie... les prix sont un peu élevés pour une cuisine de bistrot plats entre 15 et 22 €

café gourmand 9,50 €, mais original et conséquent.

Une librairie...

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Au livres...etc

36 rue René Boulanger

 

Une librairie vraiment très mignonne. La belle devanture est une invitation à rentrer. Des événements sont régulièrement organisés : rencontres , signatures, soirées coups de cœur, des lectures...

Deux livres...

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Les gratitudes

de Delphine de Vigan,

Jean-Claude Lattès, 2019

 

“Vous êtes-vous déjà demandé combien de fois, dans votre vie vous aviez réellement dit merci ? un vrai merci.

L'expression de votre gratitude, de votre reconnaissance, de votre dette.

À qui ?

On croit toujours qu'on a le temps de dire les choses et puis soudain c'est trop tard.”

 

Michka vieillit, de plus en plus souvent désorientée, les mots lui échappent, il n'y a plus que dans ses cauchemars qu'elle parle avec l'aisance qu'elle avait jusqu'alors connue.

Installée en maison de retraite, elle sera cependant encore très épaulée. Tout d'abord par Marie, une jeune femme dont au fil des pages on comprendra le lien très fort qui l'unit à Michka, comme une fille à sa mère.

Puis par Jérôme, l'orthophoniste de l'institution qui déploie exercices, patience et humanité pour que les derniers mots de Michka ne s'évaporent pas dans l'indifférence.

C'est à la fois un texte tendre et fort sur la fin de vie mais surtout sur le temps que nous n'avons pas pour dire ce qui nous tient réellement à cœur, pour “rendre” ce qu'on nous a donné.

L'histoire de Michka est contée par petites touches, nous permettant de mieux comprendre son état d'esprit, ses comportements passés (notamment son impossibilité de se placer dans le rôle d'une dénonciatrice) mais également l'urgence d'exprimer sa reconnaissance à ses bienfaiteurs.

 

Le texte de Delphine de Vigan est à la fois plein de tendresse mais aussi parsemé d'humour ce qui permet de faire baisser un peu la tension.

La fin de vie n'étant pas un sujet réjouissant ni léger, le tour de force de l'auteure est de parvenir à donner le sourire au lecteur.

On s'en veut presque, mais il faut reconnaître, que lorsque Michka prend un mot pour un autre, c'est souvent assez humoristique.

Michka tombe “la bête la première”, souvent pour elle les choses ne sont “pas si pire”, pour entrer en maison de retraite elle se demande s'il ne faut pas “montrer patte blanche”.

Ces écarts de langage donnent souvent de très belles phrases quasi poétiques : “c'est hors de gestion. Les vieux, tu sais, ça pèse lourd. Ça ne va pas s'arranger. Je sais très bien comment ça se casse, tu peux me croire.”

À mon sens, les meilleurs passages du livre sont ceux sur la fuite du langage plus que sur les “mercis” qu'on n'a pas dit.

Delphine de Vigan me fait à chaque fois le même effet : impressionnée par son écriture remarquable mais toujours un peu déçue par des fins un peu faciles eut égard au talent qu'elle déploie pour nous embarquer dans ses histoires.

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“Là où les chiens aboient par la queue

de Estelle Sarah Bulle, Liana Levi, 2018

 

“Dans la famille Ezechiel, c'est Antoine qui mène le jeu. Avec son “nom de savane” choisi pour embrouiller les mauvaises esprits, ses croyances baroques et son sens de l'indépendance, elle est la plus indomptable de la fratrie.

Ni Lucindre ni Petit-Frère ne sont jamais parvenus à lui tenir tête.

Mais sa mémoire est comme une mine d'or. En jaillissent mille souvenirs- pépites que la nièce, une jeune femme née en banlieue parisienne et tiraillée par son identité métisse, recueille avidement.”

Là où les chiens aboient par la queue, c'est Morne-Galant, un village au bout du monde de quelques habitations et guère plus de vaches.

C'est là que tout commence avec Hilaire Ezechiel qui traite ses enfants comme il traite ses animaux : “un verre de tendresse, un seau d'autorité et un baril de débrouyé zôt”

En suivant l'histoire de cette famille sur trois générations, c'est un grand pan de l'histoire de la Guadeloupe que l'auteure nous offre.

L'écriture à la fois poétique, pleine d'humour et de tendresse, n'idéalise pourtant rien.

La vie est rude, les rapports sociaux et humains ne le sont pas moins.

Hilaire, plein d'une espèce de largesse coutumière pour une famille très élargie est très généreux au détriment de ses enfants.

 

Estelle-Sarah Bulle sur les traces des trois enfants de Hilaire nous fait voyager, de la fin des années 40 à aujourd'hui, de la campagne au bidonville de Pointe-à-Pitre, du commerce en mer des Caraïbes à l'arrivée inévitable en métropole.

Antoine, Lucindre et Petit-Frère, issus des mêmes parents, vivront les événements très différemment, auront des parcours très personnels mais atterriront au même endroit.

Leurs cheminements sont très intéressants. C'est d'ailleurs les visions différentes de leur histoire aussi bien que de l'histoire avec un grand H qui donnent sa saveur au livre.

“Là où les chiens aboient par la queue” nous fait vivre une histoire conflictuelle et passionnée. On est loin des clichés du soleil et de la nature luxuriante.

L'exil est au cœur du propos avec aussi bien la douleur qu'il peut engendrer que sa nécessité absolue pour conquérir la liberté.

Antoine, le personnage central du roman assume son histoire sans complaisance “Tu dis que chez les Antillais, il n'y a pas de solidarité. Mais si tu mets dix personnes dans une salle d'attente, tu crois qu'ils vont finir par former une grande et belle famille ?

La Guadeloupe, c'est comme une salle d'attente où on a fourré des Nègres qui n'avaient rien à faire ensemble. Ces nègres ne savent pas trop où se mettre, ils attendent l'arrivée du blanc ou ils cherchent la sortie.”

Deux films...

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Her Job de Nikos Labôt

Avec Marisha Triantafyllidou, Dimitris Imellos, Konstantinos Gogoulos

1h30 drame Grèce

 

“Athènes, de nos jours, Panayiota est une femme au foyer complètement dévouée à son mari et à leurs deux enfants. Elle est peu allée à l'école, ne sait pas lire, a quitté la demeure familiale pour le domicile conjugal, passant d'une domination à une autre.

Crise oblige, pour la première fois de sa vie, elle doit travailler ailleurs qu'à la maison.”

Un film touchant, un sujet fort qui met en avant la difficile condition de la femme, à la fois dans une société machiste, mais aussi dans un pays qui subit une grave crise économique. Il n'y a pas de doute, dans cette configuration là, pour les femmes, c'est la double peine. À l'intérieur de son foyer, Panayiota est la bonne et ne semble être que ça. En plus d'être dévolue aux tâches ménagères, elle subit la dictature d'une horrible adolescente odieuse et les paroles d'un mari qui n'hésite pas à la traiter d'imbécile, d'idiote, d'incapable...

D'ailleurs, ce mari au chômage qui semble plus compter sur la chance aux jeux que sur Pôle emploi, n'est-il pas à l'image de la violence sociale faites aux travailleurs précaires ?

À l'extérieur, au premier abord, Panayiota subira la même exploitation.

Femme de ménage dans un centre commercial pour 580 €, elle ne ménage pas sa peine, se plie à toutes les demandes de son supérieur : changements de planning, heures supplémentaires au pied levé... Ici, on ne la traite pas d'imbécile, on ne parle pas de “travail” mais de “collaboration”.

 

Cela dit, lorsqu'on n'aura plus besoin d'elle, son supérieur, profitant de son illettrisme, lui fera signer une lettre de démission, sans aucun état d'âme ni considération que son dévouement aurait mérité.

L'intérieur et l'extérieur sont des mondes d'une grande dureté pour cette mère de famille.

Néanmoins, cette plongée dans le monde du travail lui apportera une vision des possibles : camaraderie, solidarité, émancipation...

 

On peut tout de même regretter que la forme du film soit souvent trop âpre. Cela peut rebuter, alors que le sujet vaut le détour. Les nombreux plans fixes soulignent bien la monotonie de la vie de Panayiota mais pour le spectateur c'est à la longue terriblement pesant.

Cinq minutes sur de l'eau qui bout, plus cinq minutes sur Panayiota qui regarde l'eau qui bout, ça fait un peu long... dommage !

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L'adieu à la nuit de André Téchiné

avec Catherine Deneuve, Kacey Mottet Klein, Oulaya Amamra,

1h43, drame, France.

 

 

“Muriel est folle de joie de voir Alex, son petit-fils qui vient passer quelques jours chez elle avant de partir vivre au Canada. Intriguée par son comportement, elle découvre bientôt qu'il lui a menti. Alex se prépare à une autre vie.

Muriel, bouleversée doit réagir très vite... “

 

Un bel exemple qui prouve qu'il ne suffit pas d'avoir un bon sujet et des noms connus pour faire un bon film.

Le sujet est dans l'air du temps, pose question et mérite réflexion.

Pourquoi certains, sans que rien ne semble les y prédestiner, se tournent vers la religion ? comment glisse-t-on vers la radicalisation : quelles démarches, quelles rencontres ?

Comment peut-on empêcher un proche de se diriger vers l'irrémédiable ?

 

Malheureusement, le film n'est pas à la hauteur de ce questionnement. Il nous fait assister à la découverte, non seulement de la conversion mais surtout de la radicalisation, d'un jeune homme. Mais voilà, on ne fait que assister .

Le film n'offre aucun éclairage intéressant. Le seul élément relativement bien rendu est l'impuissance. Laisser faire ou empêcher, entraînent forcément la perte de celui que l'on ne reconnaît plus.

L'adieu à la nuit manque d'explications mais aussi d'émotions.

Certaines scènes sont dénuées d'intérêt pour le propos général, d'autres prennent de tels raccourcis, qu'elles sont peu crédibles.

L'empathie n'est pas au rendez-vous, d'autant plus que les acteurs ne jouent vraiment pas très bien. Le jeu de Catherine Deneuve est désespérément plat, récitant son texte dans un corps rigide et un visage sur lequel les émotions sont absentes.

L'adieu à la nuit apporte bien peu, sur le fond autant que sur la forme.

... pourquoi pas ?

... vraiment pas mal

... à ne pas manquer

... à fuir !

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