Le cas Eduard Einstein
de Laurent Seksik
Mise en scène de :
Stéphanie Fagadau
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Mise en scène, Stéphanie Fagadau avec Michel Jonasz, Hugo Becker, Josiane Stoléru, Pierre Bénézit, Amélie Manet, Jean-Baptiste Marcenac.
Comédie des Champs-Élysées, 15 avenue Montaigne, 75008
jusqu'au 4 mai 2019
“Le cas Eduard Einstein, pièce adaptée du best-seller de Laurent Seksik, raconte l'histoire véritable du fils “fou” d'Einstein, Éduard, atteint de schizophrénie
Sur fond de trame historique puissante, de l'Allemagne des années 30 jusqu'à l'Amérique de McCarthy, la pièce révèle à travers la destinée du père en exil et du fils à l'asile, la facette la plus méconnue de l'homme le plus célèbre de son temps. Le bouleversant drame personnel du génie universel.”
Un excellent livre, une très bonne pièce...
La mise en scène est particulièrement réussie. La scène est partagée en deux. On passe donc, avec fluidité, de l'hôpital psychiatrique dans lequel réside Éduard au bureau de son père à Berlin puis en Amérique.
Les acteurs sont très bons. Hugo Becker est remarquable. Jouer la folie est souvent hasardeux, difficile de ne pas trop marquer le trait ou de produire un rendu peu naturel. Ici ce n'est pas le cas, le jeu est juste... On y croit et on est ému de voir ce jeune homme à qui un avenir brillant souriait, s'enliser dans ses hallucinations et ses peurs irrationnelles.
De ce côté de la scène, on est dans la sphère privée. Éduard souffre mais sa maladie est doublée de la difficulté d'être un inconnu qui porte un illustre nom.
En fond, se dessine une histoire de la psychiatrie. Le traitement du patient est celui de son époque, c'est-à-dire de choc !
Avec le père, on est plongé dans la grande Histoire.
Le contraste est douloureux, Albert Einstein prend des positions humanistes sur l'état du monde mais peine à s'intéresser à son fils qu'il ne peut pas comprendre. Il ne le reverra jamais après son départ en 1933 pour l'Amérique.
On traverse les continents mais également le temps ainsi que différents événements. L'Allemagne des années 30, la guerre, la découverte des camps de concentration... ce sont ces maux qui poussent Einstein vers l'Amérique, qui n'est pas accueilli sans arrière pensées , mais si il est reconnaissant de ce geste, il est sans complaisance vis-à-vis du régime et de la surveillance exercée sur lui.
La pièce navigue habilement entre les domaines et sentiments privés et publics.
Un très bon moment de théâtre.