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Marie des poules, gouvernante chez George Sand.

Gérard Savoisien

Mise en scène de :

Arnaud Denis

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Avec Beatrice Agenin et Arnaud Denis.

Jusqu'au 20 décembre 2020 au Théâtre Montparnasse


« Lorsqu'à onze ans, Marie Caillaud entre à Nohant au service de George Sand, elle ne sait pas encore qu'on l'appellera Marie des Poules, la servante qui va chercher les œufs au poulailler. Elle ne sait pas non plus qu'elle y apprendra à lire, à écrire, à jouer la comédie et à interpréter trente-cinq pièces écrites par George Sand. Elle sait encore moins qu'elle éprouvera les souffrance d'un amour qui va la marquer à vie... »


Voilà une très bonne pièce servie par deux comédiens de talent. Avec cette histoire, on s'écarte de l'image idéale d'une George Sand qui ne serait que « la bonne dame de Nohant ». En même temps, on se doutait bien un peu que pour percer et durer dans un monde exclusivement masculin, elle devait avoir un sacré caractère ! Ce dernier lui a permis de faire sa place dans la société mais n'a pas eu que des effets positifs sur son entourage très proche. L'idéal social de l'écrivaine la liera sincèrement à Marie des Poules qu'elle a voulu sortir de sa condition paysanne. Cet idéal sera cependant rattrapé par les conventions sociales quand il s'agira de l'avenir de son fils chéri, Maurice.

Avec la pièce de Gérard Savoisien, on assiste à la transformation d'une très jeune paysanne en femme cultivée. Marie n'a que onze ans lorsqu'elle entre à Nohant et sa fraîcheur d'esprit va piquer la curiosité de la propriétaire des lieux. En plus des tâches domestiques elle va apprendre à lire, à écrire, va perdre son accent berrichon jusqu'à briller sur scène. Cette transformation est extrêmement bien jouée par Béatrice Agenin. Cette dernière campe tour à tour une petite Marie sensible et ignorante à l'accent débordant du terroir, une femme lettrée, éblouie par les connaissances que recèlent les livres mais également une George Sand autoritaire.

Malheureusement ce qui aurait pu être une belle histoire de liberté acquise par l'instruction se révélera être un drame de l'amour.

Maurice Sand apparaît ici comme avoir été bien mal éduqué par une mère pourtant féministe convaincue et socialiste. Arnaud Denis, qui joue Maurice, nous entraîne dans les tourments d'un personnage plus complexe qu'il n'y paraît. Au départ affreux misogyne qui fait quasi valoir le droit coutumier du fils de maison sur son personnel, on découvre un jeune homme écrasé par la forte personnalité de sa mère. Capable de forcer physiquement une jeune fille il est totalement incapable de résister à sa mère. Il cherche son « art » prédisant que Delacroix et Baudelaire seront vite oubliés tout en vivant aux crochets de maman. Petit à petit il semble s'être réellement pris d'affection pour Marie qui elle, l'aime sincèrement. Cela ne suffira pas à braver la morale. Marie enceinte devra quitter Nohant et Maurice se soumettra à un mariage de raison. Qu'il semble bien pathétique le créateur de marionnettes !

Ces dernières sont d'ailleurs bien habilement introduites dans la mise en scène. De même qu'une très belle maquette de Nohant qui, au centre de la scène, nous rappelle que le lieu est quasi un personnage de cette histoire.

Très bien interprétée, cette pièce émouvante et intelligente a bien mérité son Molière de meilleur spectacle du théâtre privé et Béatrice Agenin celui de meilleure comédienne.

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