Ā consulter de préférence avec Google Chrome ou Firefox
Escapade à Bucarest
12 février 2025
À 2325 km de Paris, la capitale de la Roumanie étonne par son urbanisme et son architecture. Il semble que le maître mot soit l'absence d'unité.
Dans une même rue, sont accolés de belles demeures anciennes, des ruines, des chantiers abandonnés, des barres d'immeubles grisâtres, des tours ultra modernes…
Si Bucarest n'offre pas un charme fou en continu, la ville ne manque pas d'originalité tout en étant chargée d’ une histoire douloureuse.
Les années de la présidence de Nicolae Ceauşescu (1965-1989) ont été particulièrement difficiles. Les conditions de vie matérielles souffraient de nombreuses restrictions et les libertés étaient considérablement réduites.
Bucarest sera le théâtre principal de la révolution de 1989.
Si la ville porte encore les stigmates de son histoire et du tremblement de terre de 1977, on ne peut qu'être impressionné du grand bond en avant en seulement trente-cinq ans !
Petite balade...
Lipscani
Le quartier tient son nom d'une artère historique du vieux Bucarest (strada Lipscani), c'était le cœur économique de la vieille cité médiévale.
Si beaucoup de bâtiments sont décatis, on en trouve également de très beaux. Comme l'Auberge de Manuc, un magnifique caravansérail bâti en 1808.
Le somptueux palais des Postes construit en 1900 et qui aujourd'hui abrite le Musée d'histoire de Roumanie.
En face, on trouve une œuvre monumentale du français Paul Gottereau (1843- 1904). Construit en 1900, le palais de la Caisse des dépôts et consignations est inspiré du Petit Palais de Paris. Son dôme de verre est grandiose.
À quelque pas, on découvre de très beaux passages couverts datant de 1891. Coiffés d'une verrière jaune, ils se rejoignent sous une coupole colorée.
Le quartier est également parsemé de jolies petites églises dont la caractéristique est souvent la brique rouge.
Lipscani est très animé. On y trouve bars et restos à profusion !
Parlamentului
Deuxième plus grand bâtiment administratif au monde après le Pentagone, le Parlement Roumain est le reflet de la folie des Ceauşescu.
La construction de ce gigantesque bâtiment (350 000 mètres carrés) a débuté en 1984, entraînant la destruction de 1/5 de la superficie totale du centre historique de la ville et l'expulsion de 40 000 personnes relogées dans des immeubles parfois insalubres.
Des centaines d'architectes et 20 000 ouvriers (dont des prisonniers) ont travaillé jour et nuit sur le chantier.
Achevé en 1989, cette folie des grandeurs a épuisé les ressources du pays.
À deux kilomètres du Parlement, on peut flâner dans le jardin botanique créé en 1860.
Sept hectares d'un charme un peu sauvage avec un plan d'eau, des serres…..
Pour noël, un parcours pour enfants était aménagé avec pour thème le conte la Belle et la Bête.
Des reconstitutions des principaux moments du conte sont assorties de questions à destination des petits visiteurs pour rendre la promenade ludique.
Calea Victoriei
Au XIXe siècle, la Calea Victoriei est devenue l'artère principale de la capitale, égrenant tout du long, hôtels, magasins de luxe et institutions d'État.
Son nom actuel date de 1878, lorsque l'armée roumaine y a fait une entrée triomphale à la suite de la victoire contre l'Empire ottoman.
On trouve dans ce quartier un grand nombre de palais et monuments :
Le Cercle militaire National construit en 1912, de style néoclassique, repérable par ses tourelles.
Plus loin, le ministère des Affaires internes, longtemps siège du Comité central du Parti communiste. C'est de son balcon qu’est apparu une dernière fois Ceauşescu le 21 décembre 1989, hué par la foule.
À côté, la ruine intacte mais criblée de balles de l'ex bâtiment de la sécuritate a été coiffée d'un cube de verre en guise de témoignage.
Devant se trouve la majestueuse Bibliothèque centrale universitaire, construite en 1893, conçue par Paul Gottereau.
En face, encore un palais du même architecte. Construit en 1870, le Palais Royal abrite aujourd'hui le Musée National d'Art de Roumanie.
Derrière ce quartier, il suffit de traverser un boulevard pour découvrir l'hôtel Intercontinental (1967-1971) premier 5 étoiles de la ville. Il devait offrir aux hommes d'affaires un standing alors inconnu en Roumanie !
C'est d'ici que les journalistes ont pu filmer la révolution de 1989.
Autour de la Strada Paris
Ce quartier verdoyant et huppé ne manque pas d'intérêt mais manque de charme avec ses grandes avenues qui semblent interminables. Le parc Herăstrău créé dans les années 1930 par le roi Carole II est le poumon vert de Bucarest.
À l'entrée, l'Arc de Triomphe nous donnerait presque l'impression d'être à Paris.
Les ambassades sont nombreuses dans le quartier dont l'artère principale est la strada Paris.
Tout du long, on trouve des villas, des mini-Châteaux, un chalet suisse, des demeures de style gothique…
Si le quartier est original, il manque cependant de vie !
Un resto...
Freddo Garden
strada Smârdan 35
Le centre historique de Bucarest, autour de la strada Lipscani, ne manque pas de restaurants en tout genre. Les amateurs de viande trouveront largement leur bonheur car les assiettes en débordent : saucisses, côtelettes, brochettes...
Notre recherche d'une spécialité particulière, les sarmale, conseillée par une amie, a malheureusement été infructueuse. Cette sorte de chou farci présente sur de nombreuses cartes est indisponible. À priori ce n'était pas la période mais nous n'avons pas très bien compris pourquoi.
En lot de consolation, nous avons découvert un bar où l'on sert un excellent Daiquiri. Certes ce n'est pas très local mais ça réchauffe et c'est tellement bon !!
Des visites...
Muzeul Zambaccian
Strada Muzeul Zambaccian 21 A
Krikor H. Zambaccian, (1889-1962) mécène et grand amateur d'art a légué sa collection et sa maison à l'État roumain.
Il a écrit également des essais sur la peinture. Il tisse de nombreuses amitiés dans le monde des artistes et leur achète souvent des tableaux avant que ces derniers ne soient connus.
Muzeul National de Artâ al Românici
Calea Victorieiu 49-53
Bucareşti
C'est le plus important musée d'art de Roumanie. Très intéressant, il nécessite une longue visite et mériterait une organisation plus pragmatique. Plusieurs ailes, plusieurs entrées, plusieurs thèmes, plusieurs combinaisons de tickets mais aucune information avant de passer à la caisse et aucun plan pour se diriger à l'intérieur du musée.
Ateneul Romăn
Strada Benjamin Franklin 1-3
Bucareşti
Rien n'indique qu'il se visite et pourtant… il ne faut pas hésiter à pousser la porte de ce très bel édifice !
Construit il y a 135 ans au cœur de Bucarest, l'Athénée roumain est devenu au cours des âges le symbole de la culture du pays.
Deux librairies...
Cǎrtureşti Verona
strada Pictor Arthur Verona 13-15
Ouverte en 2003, cette librairie installée dans une belle maison du XIXe siècle qui appartient à la famille Sturdza a un charme fou.
C’est une ancienne famille moldave dont les origines remontent à environ 1540. Ses membres ont occupé des postes politiques importants en Moldavie puis en Roumanie.
La librairie est donc située dans une très grande maison. On passe de pièces en pièces à la recherche de livres mais pas que !
La librairie propose également des disques et des objets de déco de bon goût.
Une très belle pièce, avec des livres jusqu'au plafond et de profonds canapés en cuir fait rêver… enfin presque, puisque ces livres sont en anglais !
Une petite étagère viendra au secours des touristes français non polyglottes.
Mais pour ces derniers, mieux vaut se rendre dans cette seconde librairie...
Cǎrtureşti Carusel
strada Lipiscani 55
... C'est en 2015 que la chaîne de cette « librairie concept » s'installe dans un bâtiment monument du centre historique de la ville : le Carrousel.
Cette ancienne banque du XIXe siècle a été élégamment transformée en librairie sur six étages, organisés en coursives. Des escaliers agrémentés de jolies rampes de fer permettent d'accéder aux différents niveaux.
Au dernier étage un café bien décoré permet de siroter un verre avec une vue plongeante sur l'ensemble de la librairie. Un café ou pourquoi pas un cocktail comme le Dracula’s kiss !
Cinq étagères de livres en français avec autant d'auteurs anglophones que d'écrivains étrangers traduits en français, permettront de sauver la mise au voyageur en manque de lecture !
Quatre livres...
Du rififi à Bucarest de Sylvain Audet-Gainar,
BoD, 2023
« À la suite du décès de son oncle, Arthur, trentenaire français, né en Roumanie au début des années 80, se rend à Bucarest afin de régler la succession. Il ignore cependant presque tout de cet homme qui vient de lui léguer l'intégralité de ses biens. À peine arrivé dans l'appartement de ce parent aussi généreux qu’énigmatique, Arthur tombe sur un violent comité d'accueil... »
Micmac à Bucarest de Sylvain Audet Gainar,
BoD, 2023
« Octobre 2018. Arthur habite depuis deux ans à Bucarest où il file le parfait amour avec Iulia et se prépare même à devenir père quand un jour tout bascule !
Accusé à tort de plusieurs meurtres, non seulement il peine à prouver son innocence mais il tombe par hasard sur une curieuse note rédigée par sa mère quelques mois après sa naissance... »
Les cent derniers jours de Patrick McGuinness,
Grasset, 2013
« Un jeune professeur d'anglais est nommé en Roumanie en remplacement d'un confrère. Nous sommes trois mois avant la chute de Ceauşescu, mais cela, il ne le sait pas. Guidé par Léo, un trafiquant au marché noir, il découvre un pays où tout est rare et rationné, de l'électricité à la liberté. Les seules choses qui prospèrent sont l'ennui et les petits arrangements. »
Mes pas dans leurs ombres de Lionel Duroy,
Mialet Barrault, 2023
« Journaliste, Adèle Codreanu ne s'est jamais intéressée au pays que ses parents ont fui avant sa naissance. Au hasard d'un reportage à Bucarest, elle découvre que les Roumains ont exterminé 400 000 juifs pendant la guerre. Pourquoi ses parents n’ont-ils jamais rien dit ?
Elle veut savoir... »
Eugenia de Lionel Duroy,
collection J'ai lu.
« À la fin des années 1930, Eugenia, une jeune et brillante étudiante roumaine, tombée sous le charme d'un écrivain d'origine juive, prend soudain conscience de la vague de haine antisémite qui se répand autour d'elle. Comment lutter, quand tout le monde semble hypnotisé par la tentation de la barbarie ? »
Trois films
4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu
avec Anamaria Marinca, Laura Vasiliu, Vlad Ivanov
drame, 2007, 1h53
« 1987, Roumanie, quelques années avant la chute du communisme, Otilla et Gabita partagent une chambre dans la cité universitaire d'une petite ville. Gabita est enceinte et l'avortement est un crime. Les deux jeunes femmes font appel à un certain Monsieur Bébé pour résoudre le problème. Mais elles n'étaient pas préparées à une telle épreuve... »
Radio Métronom de Alexandru Belc
avec Mara Bugarin, Serban Lazarovici, Vlad Ivanov.
Drame Roumanie, France, 2023, 1h42.
« Bucarest, 1972. Ana a 17 ans et rêve d'amour et de liberté. Un soir, elle rejoint ses amis à une fête où ils décident de faire passer une lettre à Métronom, l'émission musicale que Radio Free Europe diffuse clandestinement en Roumanie.
C'est alors que débarque la police secrète de Ceauşescu, la Securitate… »
Baccalauréat de Cristian Mungiu, 2h08, drame, Roumanie
avec Adrian Titieni, Maria Drags, Lia Bugnar
Roméo, médecin dans une petite ville de Roumanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Éliza soit acceptée dans une université anglaise.
Dernière formalité pour la jeune fille, très bonne élève : obtenir le bac.
Mais Éliza se fait agresser la veille des épreuves…
... pourquoi pas ?
... vraiment pas mal
... à ne pas manquer
... à fuir !