Dossier 137
de Dominique Moll
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avec Léa Drucker, Jonathan Turnbull, Guslagie Malanda
Policier 1h55 2025
« Le dossier 137 est en apparence une affaire de plus pour Stéphanie, enquêtrice à l'IGPN, la police des polices. Une manifestation tendue, un jeune homme blessé par un tir de LBD, des circonstances à éclaircir pour établir une responsabilité… Mais un élément inattendu va troubler Stéphanie, pour qui le dossier 137 devient autre chose qu'un simple numéro…. »
Après La nuit du 12, Dominique Moll poursuit un remarquable travail d'analyse de notre société, par le prisme de notre police.
Sans négliger la fiction et les codes du film policier, le cinéaste signe un long-métrage social et politique. L'enquête en elle-même est prenante, mais au-delà, le film pose les enjeux clairement : à quoi sert l’IGPN ?
Question fondamentale puisque c'est bien l’impunité qui crée le malaise entre citoyens et forces de l'ordre.
Comme le demande si bien le fils de l'enquêtrice, « Pourquoi est-ce que tout le monde déteste la police ? » interrogation à laquelle elle a toutes les peines du monde à répondre.
En entrant dans les arcanes d'une institution qu’on connaît mal, Dominique Moll pointe adroitement les dysfonctionnements. Pas de critique sur les individus, Stéphanie fait preuve de professionnalisme c'est une enquêtrice très consciencieuse.
C'est l'ensemble du système qui est mis en cause.
En premier lieu la gestion des manifestations des gilets jaunes. De peur d'être débordées, les instances supérieures ont battu le rappel d'une multitude de brigades, non formées ni préparées à la mission de maintien de l'ordre. Les directives données ont été bien trop vagues et l'encadrement bien léger pour diriger des forces armées !
Les tirs de LBD on fait des dégâts terribles et irréversibles, l'utilisation hors cadre de ces armes ne peut que soulever l'indignation et c'est bien ce qu'on ressent tout au long du film.
Cette enquête très bien mise en scène d'un point de vue cinématographique, développe plusieurs sujets : impunité, esprit de corps, pression des syndicats, du monde politique, solitude de ceux qui veulent croire à une justice équitable…
On ne s'ennuie pas un seul instant et à l'issue de la projection, on se demande pourquoi le système qui consiste à faire enquêter des policiers sur des…. policiers, perdure encore.

