Chagrin d'un chant inachevé, sur la route de Che Guevara
Désérable François-Henri
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Gallimard, 2025
« Cet automne là, les taux d'intérêt étaient en baisse, les prix de l'immobilier en hausse, ma famille, mes amis s'inquiétaient : est-ce qu'il n'était pas temps que j'investisse dans la pierre ? Avec un peu de chance et un banquier indulgent, je pouvais peut-être m'endetter sur trente ans (mon âge à l'époque). Je n'en avais ni les moyens, ni l'envie. Signant un acte de vente, j'aurais eu la sensation de signer mon propre registre d’écrou et de voir ma liberté conscrite à quelques mètres carrés. Et puis, un appartement, ça se meuble ; aux meubles il faudrait toujours préférer son sac de voyage. »
François Henri Désérable est décidément un excellent conteur. Il nous livre un récit, à la fois divertissant et intelligent.
Suivre la route du Che, quand ce dernier n'était encore qu'Ernesto Guevara, n'est qu'un prétexte pour une invitation au voyage.
Il y a soixante ans, Alberto Granado et Ernesto Guevara faisaient ce voyage. À motocyclette, les deux amis ont traversé l'Amérique du Sud, en tenant un journal de leur périple. Ce voyage est souvent considéré comme la première prise de conscience politique de celui qui deviendra un des révolutionnaires les plus connus au monde.
À moto, en stop ou en bateau, l'auteur nous embarque dans sa traversée qui a duré cinq mois.
Le récit est extrêmement bien écrit et chargé d'humour. Le voyage est ponctué de moments de tension car certains lieux sont dangereux, de perplexité quand la découverte d'une ville ne ressemble en rien à la description du journal des deux compères, de plénitude face à des paysages époustouflants.
Souvent drôles, les aventures de l'auteur sont à la fois toute simples et rocambolesques car il a incontestablement le sens de la formule.
Cette lecture est passionnante et réjouissante. Quand bien même on serait moins aventureux que François Henri Désérable, une fois son récit achevé, on a bien envie de suivre le chemin du Che qui aujourd'hui est un peu le sien.
Chagrin d’un chant inachevé est une excellente lecture.
