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Léopoldine

Consigny Thierry

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Grasset, 2022


« Lors d'un voyage amoureux en Espagne avec Juliette Drouet, sa maîtresse, compagne de toute une vie, Hugo apprend la noyade de sa fille Léopoldine.

Effondré, le poète déserte la plume et Juliette, fuit vers les honneurs et les rencontres, incapables d'écrire.

De ces trois années muettes vont pourtant naître ses plus grands chefs-d'œuvre, les plus violents aussi… »


Si le point de départ semble bien ténu, ce livre n'en reste pas moins passionnant. Thierry Consigny a, comme Victor Hugo, perdu sa fille. Mais comme chaque mort est différente, est-ce que cela suffit pour faire un bon livre ?  Certainement que non.

C'est surtout que l'auteur, comme le grand écrivain, a été sauvé du désespoir par la poésie. La comparaison s'arrête quasiment là et c'est tant mieux !


Thierry Consigny nous entraîne dans le drame personnel de l'homme, puis dans le deuil qui a donné naissance à l'écrivain que nous admirons, celui des Misérables et des Contemplations


Les éléments de la dramaturgie sont présents.

Léopoldine,  19 ans, jeune mariée, périt noyée avec son époux, dans les boucles de la Seine .

Victor Hugo apprend ce décès par le journal alors qu'il est en voyage avec Juliette Drouet, sa maîtresse.


Cette perte est un malheur incommensurable. Les circonstances de la nouvelle ont de quoi être bouleversantes et ouvrir la voie aux remords, à la culpabilisation…..

L'auteur de Léopoldine ne prend pas le chemin de ce résumé qui tomberait bassement dans la facilité.


Victor Hugo est un homme à femme mais ici, durant les trois ans où il ne pourra écrire une ligne, c'est la maîtresse qui est trompée plus que l'épouse officielle. Adèle a été la première du couple Hugo à rechercher l'amour charnel ailleurs que dans le lit conjugal. Mariée très jeune, lasse d'attendre que son cher et tendre bâtisse un monument littéraire, les Hugo sont devenus de tendres amis.


Durant le deuil de sa fille, c'est Juliette Drouet qui assistera à la « panne de l'écrivain », c'est elle qui l'encouragera à reprendre la plume, lui pardonnera ses abandons, et le suivra jusque dans l'exil….

Durant trois ans, Victor Hugo s'etourdit dans le beau monde et dans les bras de Léonie, la femme d'un peintre.


L'auteur nous montre le chemin qui transforme le chantre du romantisme en écrivain défenseur du peuple. Comment la mort et la perte, aussi paradoxalement soient elles, peuvent être à l'origine de la création.


Il nous semble cependant que Thierry Consigny réduit trop la pensée d'Hugo à la seule disparition de Léopoldine, notamment en matière de politique.

N'oublions pas que le Dernier Jour d'un condamné a été écrit quatorze ans avant le drame personnel de l'écrivain et Claude Gueux, neuf ans auparavant.

Il n'en reste pas moins que ce livre est une excellente lecture àla fois instructive et très émouvante.

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