top of page

Les preuves de mon innocences

Coe Jonathan

photo (7).heic
2
essai4.png

Gallimard, 2025


« L'arrivée de Liz Truss au 10 Downing Street. Des ultraconservateurs réunis dans un vieux manoir. Une société secrète  d'étudiants en plein Cambridge. Plusieurs morts mystérieuses. Des jeunes femmes en quête de vérité et une vieille inspectrice bien trop gourmande… »


Jonathan Coe mélange les genres avec talent pour mieux nous divertir, tout en décortiquant la société anglaise poussée vers un conservatisme toujours plus radical.


Christopher Swann, auteur d'un blog dans lequel il dénonce les instigateurs de la liquidation totale de l'État-providence, est assassiné lors d'une série de conférences qui réunit ceux qui sont sa cible. 

Ce meurtre qui semble tout droit sorti d'un roman d'Agatha Christie, va être élucidé par sa fille adoptive, une amie de celle-ci et une inspectrice à la veille de la retraite. 


Durant le colloque des supporters de Liz Truss, première ministre britannique durant 59 jours, Christopher Swann ne cesse de rencontrer les étudiants de sa promo lors de ses études universitaires à Cambridge.

Jonathan Coe pose d'emblée le sujet de la reproduction des inégalités sociales, doublée de la trahison des élites.


En faisant naviguer son récit entre l'avant et l’après Thatcher, il brosse le portrait d'une Angleterre qui sombre dans un libéralisme destructeur préférant prendre pour modèle les États-Unis plutôt que l'Europe.

L'auteur dénonce les politiques qui visent à détruire toute protection sociale, la montée des extrêmes, les manipulations langagières…


Pour ce faire, il se joue des codes littéraires et nous offre un exercice de style périlleux mais plutôt très bien réussi. Du polar classique, qu'on pourrait presque qualifier d'un peu désuet, on passe aux Mémoires d’un ancien élève de Cambridge pour achever la lecture par deux auto fictions. En pastichant les genres littéraires,  l'auteur interroge son lecteur sur le poids des mots et sur ce qu'ils véhiculent de mensonges et de vérités. En modifiant la forme de son roman, il change de style avec une aisance admirable.


Pour couronner le tout, on retrouve avec un grand plaisir l'ironie pince sans rire de l'écrivain qui semble décidemment ne pas se remettre du Brexit. Certains passages sont même très drôles notamment la longue et absurde  liste de tout ce qui serait « woke » dans la bouche des néoconservateurs (frange la plus extrémiste du parti Tory).


Une fois de plus Jonathan Coe sait nous divertir tout en nous proposant une réflexion de fond sur l'évolution de la politique et de la société. Avec Les preuves de mon innocence, il nous offre en plus, un objet littéraire original.

icone retour.jpg
Retour vers l'escapade ou le parcours
bottom of page