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Escapade à Marseille
15 octobre 2025
" Marseille est une ville selon mon cœur. C'est aujourd'hui la seule des capitales antiques qui ne vous écrase pas avec les monuments de son passé. Elle a l'air bon enfant et rigolarde. Elle est sale et mal foutue.
Mais c'est néanmoins une des villes les plus mystérieuses du monde et les plus difficiles à déchiffrer. "
Blaise Cendrars
Deuxième ville la plus peuplée de France et premier port du pays, Marseille a été fondée vers 600 avant Jésus-Christ par des marins et des marchands grecs originaires de Phocée. Sa position géographique et son port en a toujours fait une des villes les plus cosmopolites du territoire.
Par rapport à l'escapade d'Aubagne, difficile ici de retrouver la trace de Marcel Pagnol. Le décor de la jeunesse de l'écrivain a bien changé et les choix urbanistiques laissent souvent le visiteur assez perplexe. Quartiers populaires et plus bourgeois s’entremêlent de façon très étonnante ! Des immeubles bien laids viennent côtoyer, en plein centre-ville, des monuments chargés d’une histoire millénaire. Une artère qui se veut haussmannienne peine à trouver ses habitants tandis que le quartier ou " même les Marseillais ne venaient plus s'y promener " ( Trilogie marseillaise de Jean-Claude Izzo) est aujourd'hui arpenté par nombre de touristes.
Si on ne suit pas Pagnol dans Marseille, on y trouve IAM et sa « planète Mars ».
Entre perplexité et belles découvertes, cette ville mérite d'être visitée au-delà de la Canebière.
Bonne balade, bonne lecture !
Petite balade...
Le Vieux-Port
Il a été le centre économique de Marseille jusqu'au milieu du XIXe siècle. Fondé durant l'Antiquité, il est le plus ancien port de la ville et reste aujourd'hui le centre historique et culturel.
La célèbre Canebière y plonge littéralement. Cette dernière n'a plus de chantant et évocateur que le nom, puisque elle est devenue une artère commerçante, un peu déserte quand les rideaux de fer des magasins sont baissés.
Sur le quai de la Rive Neuve, on ne manquera pas le Bar de la Marine, lieu de tournage de la trilogie marseillaise de Pagnol à quelques pas du « ferriboîte » piloté par Escartefigue.
De ce côté du port, on pourra faire une pause à une des très nombreuses terrasses du cours d'Estienne d'Orves ou grimper jusqu'au Pharo.
Du jardin de ce palais commandé par Napoléon III dans les années 1850, on a une très belle vue sur le Vieux-Port.
Avant de prendre le ferry pour le traverser, on jettera un œil sur le théâtre La Criée installé dans la halle aux poissons créée en 1909 et qui est restée en activité jusqu'en 1975.
Le Panier
Sur la rive nord du Vieux-Port, c'est le quartier le plus ancien de Marseille. C'est la seule partie conservée après les dynamitages allemands en 1943 du quartier Saint-Jean. Le Panier est un dédale de rues étroites sur un assez important dénivelé. Plusieurs passages sont constitués d'escaliers.
Au XIXe siècle, ce quartier est la porte d'entrée des populations immigrées de Marseille. Aujourd'hui, la rénovation des logements s'accompagne comme à chaque fois de la gentrification.
Du côté du port de la Joliette, on entre dans Le Panier par la cathédrale de la Major construite entre 1852 et 1893 dans le style néo byzantin.
De grande dimension (elle peut accueillir 3000 personnes !) elle a une façade qui rappelle les églises italiennes, des bandes avec alternance de polychromie : pierre de Cassis et marbre vert de Toscane.
En plein cœur du Panier, on visitera la Vieille Charité qui aujourd'hui est un lieu d'expositions. Le bâtiment a été édifié au XVIIe siècle sur les plans de Pierre Puget (1620-1694), célèbre sculpteur, dessinateur et architecte marseillais, pour abriter les pauvres et indigents de la ville.
Du Panier on peut revenir au Vieux Port par la rue de la République. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, elle est aménagée avec des habitations de style haussmannien dans le but de faire revenir la bourgeoisie marseillaise près du centre. Le pari est un semi échec.
La Plaine
Après être passé devant l'opéra, inauguré en 1787, on grimpera vers La Plaine en passant par le Cours Julien. En 1860, c'est ici que se trouvait un marché de fruits et légumes.
Dépôts et chambres froides s'installent alors en masse au rez-de-chaussée des habitations qui bordent la place. Le marché déménagera en 1972. Le Cours est petit à petit investi par les magasins d'antiquités, restaurants, lieux associatifs et culturels.
La place est bordée par la tristement célèbre rue d'Aubagne, après l'effondrement de deux immeubles qui a fait huit morts en 2018.
En poursuivant au-delà du Cours Julien, on débouche sur La Plaine dont le centre est la place Jean Jaurès, une des plus grandes de Marseille. Cette plaine qui, en topographie, est un plateau, doit son nom à une déformation de la traduction de son nom provençal « plan » ( plateau).
C'est le lieu des manifestations en tout genre : des entrées royales du XIVe siècle à celle d'aujourd'hui contre les plans de gentrification.
La Plaine est un quartier animé : marché des forains, marché paysan, le carnaval une fois par an...
Notre-Dame de la Garde
La Bonne Mère est emmaillotée actuellement pour réfection mais cela n'empêche pas la basilique de dominer. Où que l'on soit dans Marseille, sa présence semble incontournable.
Par contre s'en approcher se mérite !! Construite sur un piton calcaire de 149 mètres d'altitude, la basilique date du XIXe siècle et est dédiée à Notre-Dame de la Garde, protectrice de Marseille qui se partage la tâche avec Saint-Victor.
Construite entre 1853 et 1864 dans le style romano byzantin, elle porte un clocher de 41 mètres de haut surmonté d'une tourelle de 12 mètres 50 qui sert de piédestal à la monumentale statue de la Vierge à l'Enfant, réalisée en cuivre doré. Avec ses dimensions, elle domine la ville et la mer… Normale pour celle qui est considéré comme la gardienne des marins et des pêcheurs depuis le Moyen-âge !
Palais Longchamps
En montant vers le palais Longchamps, Marseille offre un visage plus calme. Le boulevard du même nom accueille peu de magasins donc peu de monde se presse sur les trottoirs.
Les immeubles cossus s’égrènent tout du long, jusqu'à une construction étonnante, un Palais qui fait office de château d'eau de style néoclassique Second Empire du XIXe siècle.
Jusqu'au milieu des années 1850, le manque d'eau à Marseille a été un véritable problème et d'autant plus avec le développement de l'urbanisme. Il est donc décidé de construire le canal de Marseille pour dériver les eaux de la Durance.
Le château d'eau est une nécessité, le Palais lui, célèbre l'arrivée de l'eau jusqu'ici.
Inauguré en 1869, le monument s'ouvre sur une fontaine. Deux allées suivent les courbes du bassin pour aboutir à deux escaliers d'honneur qui mènent à une terrasse sur laquelle, à gauche on trouve l'entrée du musée des Beaux-Arts et à droite celle du Musée d'histoire naturelle.
Sculptures, colonnades et Arc de Triomphe donnent un aspect grandiose à ce lieu.
À l'arrière, on trouve un grand parc qui a accueilli un zoo jusqu'en 1987.
Des visites...
Mucem : Musée des civilisations de l'Europe et de la Méditerranée
1, esplanade J4
13002 Marseille
Quelles que soient les expositions présentées, cette visite est incontournable, rien que pour le lieu.
Inauguré en 2013, le musée regroupe les collections de l'ancien musée national des Arts et Traditions Populaires.
Friche la Belle de Mai
41, rue Jobin
13003 Marseille
Ce lieu chargé d'histoire a été transformé en « fabrique de culture ».
Au XIXe siècle, la manufacture des tabacs est l’une des plus importantes de France. Elle quitte le Vieux-Port en 1868 pour s'installer à la Belle de Mai, à côté de la raffinerie de sucre Saint-Charles.
Le musée Cantini
19, rue Grignon
13006 Marseille
Installé dans un hôtel particulier construit en 1694, ce musée abrite des collections d'art moderne et contemporain.
Le lieu est devenu la propriété de Jules Cantini en 1888. Ce sculpteur et important marbrier de Marseille a légué l'hôtel particulier à la ville, à charge qu’elle y crée un musée des Arts décoratifs .
Une librairie...
Les Arcenaulx
25, cours Honoré d'Estienne d'Orves
13001 Marseille
Le lieu est historique et plein de charme. La librairie est installée dans l'ancienne remise de l'arsenal des galères de Louis XIV.
II fait bon flâner dans une grande diversité d'ouvrages. Tous les domaines de la littérature sont bien fournis : romans, récits, poésie, essais.
Un bon rayon est consacré à l'histoire de Marseille et la littérature qui s'y rattache.
Pour faire la pause...
Les Grandes Tables de la Friche
41, rue Jobin
13003 marseille
En plein cœur de la Friche de la Belle de Mai, ce resto est agréable et c'est bon !
La carte est réduite et gage du savoir-faire. Le menu change tous les jours.
La grande terrasse est au calme avec vue sur une esplanade paysagère.
Le prix des plats varie entre 15 et 19 € et les desserts sont à 6 €. Voilà une bien bonne adresse !
Le Comptoir Longchamps
26, rue Espérandieu
13001 Marseille
C'est l'endroit incontournable pour faire la pause quand on est arrivé jusque-là (45 minutes à pied du Vieux Port)
L'accueil est extrêmement sympathique. La terrasse donne sur le beau Palais Longchamps. Le plat du jour à 16,50 € est délicieux !
Quatre livres...
Total Khéops de Jean-Claude Izzo,
Folio policier, 1995
« Du panier aux quartiers nord, du Vieux-Port à l'Estaque, Fabio Montale flic déclassé de la brigade de surveillance des secteurs, fils d'immigrés italiens, aime les poètes des Cahiers du Sud, la pêche, la soupe au pistou de la vieille Honorine, les bouteilles de Lagavulin, les femmes et Marseille bien sûr.
Il y a 20 ans, il y avait Lole, la belle gitane et autour d'elle, Manu, Ugo et Fabio.
À présent ses deux potes de braquage sont morts d'une balle dans la peau… »
L'énigme de la Blancarde de Jean Contrucci,
Le livre de poche, 2002
« Marseille 1891. La ville est partagée en deux. D'un côté, sur la rive nord du Vieux-Port, le quartier réservé où viennent s’encanailler les bourgeois. De l'autre, les faubourgs respectables autour de la rue Paradis ou du hameau de la Blancarde… C'est pourtant dans ce monde-là que la riche madame Magnan est sauvagement assassinée… »
Cinq dans tes yeux de Hadrien Bels,
Pocket, 2020
Marseille. Son Vieux-Port, ses calanques, son accent qui chante et son quartier du Panier. Stress y est né, y a grandi, il a fait les quatre cents coups. Son surnom, c'est Nadine qui le lui a donné. Il y avait aussi Ichem, Kassim, Djamel et Ange. Tous venus d'ailleurs, d'Algérie, des Comores ou du Toulon des voyous.
Ses amis d'enfance sont toujours là pour la plupart, du bon côté de la rampe. Mais entre les ados qui se sentaient pousser des ailes dans les années 90 et les hommes d'aujourd'hui il y a un monde perdu.
Marseille, mise en scène
de Vincent Thabourey, Ciné voyage, Espace et Signes, 2019
« Ville solaire et méditerranéenne, Marseille est la capitale régionale la plus filmée de France. Marcel Pagnol, Jean Renoir, Jacques Demy, Jean-Pierre Melville, William Friedkin et bien sûr Robert Guédiguian ont posé leur caméra pour nous révéler une image à chaque fois différente. »
Deux films...
avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark, Robinson Stévenin.
Comédie dramatique, France, Italie, 2023, 1h46
« À Marseille, Rosa 60 ans, a consacré sa vie à sa famille et à la politique avec le même sens du sacrifice. Tous pensent qu'elle est inébranlable, d'autant que Rosa est la seule qui pourrait sceller l'union de la gauche, à la veille d'une échéance électorale décisive, à Marseille. Elle s'accommode finalement bien de tout ça, jusqu'au jour où elle tombe amoureuse d’Henri…. »
Gloria Mundi de Robert Guédiguan
avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan,
1h47, drame, France
“Daniel sort de prison où il était incarcéré de longues années et retourne à Marseille.
Sylvie son ex-femme l'a prévenu qu'il était grand-père. Leur fille Mathilda vient de donner naissance à une petite Gloria. Le temps a passé, chacun a fait ou refait sa vie…”
... pourquoi pas ?
... vraiment pas mal
... à ne pas manquer
... à fuir !