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Au soir d'Alexandrie

El Aswany Alaa

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Acte Sud, 2024


« À Alexandrie, à la fin des années 50, une bande d'amis se retrouve régulièrement au bar du restaurant Artinos, sur la corniche, pour de longues soirées animées durant lesquelles, l'alcool aidant, ils se plaisent à refaire le monde. Unis par un attachement profond à leur ville - presque un pays à part entière, même pour ceux qui viennent d'ailleurs - ils sont divisés face à l'actualité nationale et au leader charismatique Gamal Abdel Nasser. »


Dans ce roman choral, la ville d'Alexandrie est un personnage central. Certains auront le sentiment que le roman est très délayé, d'autres que les peintures littéraires de la cité cosmopolite nous plongent admirablement dans une ambiance qui nous est inconnue. 


Alaa El Aswany brosse le portrait d'une ville adorée de ses habitants, à un tournant politique majeur. La révolution socialiste de Nasser dérive vers une banale dictature avec ses codes quasi universels, prémices d’un terreau favorable au sentiment religieux.

Les surveillances, suspicions, délations, manipulations… vont dépeupler Alexandrie de ceux qui faisaient sa diversité. Le groupe « caucus », ces amis qui se retrouvent pour parler de l'Égypte passée comme future, est lié par l'amour de leur ville et par leur  attachement aux valeurs de la démocratie. 

Leurs idées pour y parvenir ou leur vision de Nasser diffèrent donnant lieu à des discussions et débats, passionnants.


Chantal, française qui a  échappé à l'expulsion, propriétaire de la seule librairie française se bat pour la liberté d'expression. 

Tony Kazan, chocolatier, d'origine grecque, devra amèrement se souvenir qu'il n'est pas un Égyptien de souche. 

Abbas, l'avocat opposant fait face à une justice qui se veut de plus en plus répressive. 

Anas, l'artiste verra ses utopies se dissoudre dans les réalités sordides de la vie. 

Lydia, la propriétaire du restaurant mythique qui sert de lieu de réunion du petit groupe, souhaiterait se tenir loin de la politique. Comme Carlo, le barman qui semble surtout intéressé par les femmes mais dont le penchant pourra être une une arme contre lui. 


Autour de ces personnages principaux, des figures secondaires gravitent permettant de proposer un large panel de la société égyptienne des années 1950. Toutes les classes sociales et toutes les tendances politiques sont représentées.


Alaa El Aswany est sans complaisance pour son peuple et son pays (qu'il a dû quitter suite à l'interdiction en Égypte de son précédent livre J'ai couru vers le Nil).


L'auteur déconstruit le mythe de l'homme providentiel qui viendrait sauver l'Égypte. Il démonte les mécanismes qui font basculer un régime autoritaire dans la paranoïa et décrit une société qui petit à petit va se fermer et s'accommoder de toutes sortes de mensonges.


Si on se plonge dans Au soir d'Alexandrie on est tour à tour questionné sur la société, la politique, les sentiments personnels…La démocratie chère à l'auteur est un chemin semé d’embûches fait d'espoirs qui jusqu'à présent semblent s'être terminés en désillusions.

Un livre captivant si on se laisse porter par une narration discontinue du fait de la multitude des personnages.

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