C'est arrivé un premier septembre
Rankov Pavol
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Gaïa, 2019
« Peter, Jan et Gabriel sont hongrois, slovaque, juif et amis.
Le 1er septembre 1938, ils se retrouvent à la piscine de Levice, dans le sud de la Slovaquie, prêts à en découdre pour l'amour de la belle Maria. Leur « lutte » perdurera trente ans encore, parallèlement à celle de leur pays qui se bat aussi pour trouver sa place au sein de l'Europe. »
Ce roman mêle magistralement l'intime à la grande Histoire. Les trois héros ont treize ans en 1938. Amoureux de Maria, ils décident de tenter leur chance auprès d'elle à tour de rôle.
Pour déterminer leur place dans cette compétition, ils vont se mesurer à la natation.
Gabriel manque de se noyer, lui laissant à tout jamais l'impression d'être en sursis sur cette terre. La compétition est remise à l'année suivante mais c'était sans compter sur la marche de l'histoire, toujours prompte à bouleverser les destins.
Pour les trois jeunes garçons, il ne fait aucun doute que Levice est « leur » ville.
Guerre et géopolitique en décideront autrement et chacun leur tour, ils y seront des étrangers.
La ville sera slovaque, puis hongroise sous l'Allemagne nazie, enfin tchécoslovaque sous le communisme.
On va suivre nos héros sur trente ans et chaque année un événement majeur viendra marquer le 1er septembre, date à laquelle ils ne renoncent pas à faire leur compétition de natation.
Durant ces trois décennies, il leur faudra faire des choix difficiles : partir, revenir, rester, continuer à croire à un avenir meilleur. Chacun vivra des drames et des désillusions : comme aller vivre en Israël pour vivre en paix ou penser que la Tchécoslovaquie peut vivre un communisme à visage humain, hors du giron de l'URSS.
Les trois amis sont malmenés par l'histoire dont les cartes sont continuellement brouillées. Les ennemis d'hier deviennent vite les amis d'aujourd'hui et inversement. Seule, leur amitié, même si parfois écornée, survit au chaos.
Ce roman, grave mais souvent teinté d'ironie, est passionnant. On mesure le drame d'un pays tout en s'attachant à des destins individuels de fiction. Le roman s'achève avec le Printemps de Prague en 1968.
L'ouverture temporaire de la frontière avec l'Autriche entaînera des décisions lourdes car irrémédiables .
Le suspense est au rendez-vous à chaque épisode de ce roman jusqu'à l'ultime chapitre.
Sans compter qu'on brûle de savoir si un des trois comparses emportera le cœur de Maria ou pas !
C'est arrivé un premier septembre est un excellent moment de lecture très bien écrit et magistralement mené !